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Pour leur défense, les Picards ont non seulement adopté ces jeux de balle, mais ils les ont surtout conservés. Ils ont continué à les pratiquer sans céder aux jeux en vogue, notamment au XIXème et au XXème siècle. C’est d’ailleurs un trait de l’identité picarde, conservatrice, cachée ou plutôt “ muchée“ en référence aux souterrains refuges, “muches “ en Picard, qui permettaient à la population de se protéger lors des nombreuses invasions subies par cette région frontalière. Le Ballon au Poing est issu de la grande famille des jeux de balle chassée, initiés dans la Grèce antique, il y a 25 siècles où la légende attribue à la princesse Nausicaa, fille du roi Alcinoos, un jeu dit de paume, qu’elle pratiquait sur la plage de Corfoue au bord de la mer Ionienne avec ses compagnes Phéaciennes ou Ulysse venait d’échouer. La Phaéninde était née, elle a donné outre nos disciplines Picardes, la Balle au Tambourin, la Pelote Basque, la Balle Pelote du Nord, la Courte Paume, la Balle au Gant Belge, la Pallonne Elastico désormais Palla Pugno, le Pallonne al Bracciale Toscan, le Kats’s Bond Néerlandais, le Ulama Méxicain, le Tennis, le Badminton, le Squash … L’autre grande famille de jeux de balle dite commune consiste cette fois à la procession de la balle pour franchir les limites du camp adverse. La Soule fut la première discipline commune, puis vinrent le Rugby, le Football, le Handball, le Hockey, le Basket-ball … ou l’on progresse pour déposer la balle dans un but, un cercle, un panier, autrefois une mare à la soule. Les principales distinctions entre les deux familles sont pour la balle commune qui lorsque la ligne est franchie, le jeu s’arrête car en principe le but est marqué alors que pour la balle chassée, tant que la balle n’à pas touché le sol, la partie continue, même hors des limites latérales. Le luxe aux jeux de paume est qu’il n’y a aucun contact entre les adversaires. Nous possédons des traces des jeux de balle depuis environ un millénaire. Auparavant ce sont les Romains, qui en envahissant la Grèce ont découvert cette Phaéninde puis après la conquête de la Gaule ont permis à nos ancêtres de découvrir et de s’approprier la discipline. Dés le XIIlème siècle on pratique plus le jeu de Paume à Paris que l’écriture ou la lecture. Paris possédait en 1272, treize fabriquant de balles pour huit libraires et un marchand d’encre. Les religieux ont joué un rôle prépondérant dans la transmission du jeu de Paume au travers des siècles. Ces derniers se sont tellement enthousiasmés par la pratique de ce jeu, que certains conciles leur interdiront de le pratiquer. La plupart des rois de France ont pratiqué le jeu, à l’image de François 1er qui s’y adonnait avec passion, c est d’ailleurs sous son règne que l’on compte jusqu’à 250 salles de jeu à Paris et 1800 dans toute la France. Henri II et Henri IV jouaient, le roi Soleil, Louis XIV jouera également avec passion au début de son règne, puis délaissera la Paume avec l’âge privilégiant le billard, les jeux d’esprit pour donner naissance au théâtre. C est à cette époque, à la fin de son règne, au début du XVIIIème siècle que le déclin est sensible, puisque Paris ne compte plus que 110 jeux de Paume. Les salles où l’on jouait deviennent progressivement des théâtres. A la fin du XVIIIème siècle, seules 10 salles se maintiennent à Paris. Aujourd’hui 4 salles de courte Paume subsistent en France, une à Paris, une a Fontainebleau, une a Bordeaux et une à Bayonne. HISTORIQUE – DEPUIS SES ORIGINES Le Ballon au Poing supporte fièrement la contradiction d’être un sport Picard, tout comme la Balle à la Main, la Balle au Tamis et la Longue Paume sans être d’origine Picarde. La France, après avoir été la nation européenne la plus sportive durant des siècles, a subit l’influence de Louis XIV pendant près de 2 siècles. Le sport n’est réapparu en France qu’avec l’émergence des sports dits anglais vers le milieu du XIXème siècle. En effet, il est courant de dire que ces derniers au cours de la guerre des cent ans (1337-1453) nous ont observé jouer à la Paume, à la soule et nous ont rapporté le Tennis, le Rugby et le Football. De nombreuses expressions issues du jeu de Paume, encore usitées dans le langage courant, témoignent de l’importance de ce jeu à travers les siècles : - Tennis vient du vieux Français “ Tenetz “ que l’on prononçait pour prévenir du service. - “Jeu de mains, jeu de vilains“ pour dissocier ceux qui avaient les moyens de se procurer la raquette dés le XVIème siècle et ceux qui devaient continuer à pratiquer à main nue. - “ Epater la galerie“ qui signifie jouer pour le public, en rapport au toit situé en bordure du jeu de courte Paume pour engager la partie. - “ Qui va à la chasse perd sa place“ pour imager le principe même du jeu lorsque les deux camps permutent. - “ Rester sur le Carreau“ pour quelqu’un de défaillant ,sur la dalle composant le sol du jeu de Paume.
P.M. MACEWKO
Ancré dans notre région depuis le XIXème siècle, c’est un des sports et jeux de paume de Picardie aux côtés de la Longue Paume, de la Balle à la main et de la Balle au Tamis. Il faut Précisons cependant que la version actuelle du jeu a été codifiée sous Louis XIV. Le premier document relatif à la période qui nous intéresse est celui qui présente les statuts de la Société de Ballon d’Albert, fondée en 1865. On sait également qu’une Ligue du Pas-de-Calais avait été créée en 1900. La Fédération des Ballonnistes de la Somme est elle, fondée en 1911 sous l’impulsion d’Alfred Leriche de L’Etoile-Moulins Bleus son premier président (1911-1920) et reconnue officiellement le 16 mai 1913. Elle est suivie en 1935, de la Fédération Française des Ballonnistes et sera renommée Fédération Française de Ballon au Poing en 1972. A Alfred Leriche, président-fondateur, avait succédé son homonyme, René Leriche (1921) de Condé-Folie, puis Lucien Thibaut (1922-1923) d’Ailly sur Somme, Paul Lottin (1924) de Montières, Fernand Rieutord (1925-1937) d’Hallencourt, Eugène Tarin (1938-1951) de Buire sur Ancre, Louis Bullot (1951-1964) de Poulainville, Gérard Lenot (1964-1980) de Rubempré, Jacques Falize (1980-1987) de Buire sur Ancre, Dominique Renaud (1987-2004) d’Harponville, René Cazier (2004-2012) de Beauval, Samuel Prévot (2012- 2017) de Talmas et depuis le 10 février 2017, Michel Letesse de Bouzincourt. Avant de présenter les compétitions actuelles, un retour en arrière de plus de plus de cent ans s’impose. Il nous faut en effet remonter à la période qui a précédé 1911, pour trouver trace dans la presse de l’époque, des premières rencontres opposant les sociétés des villages. Le ballon au poing est très présent dans toute la vallée de la Nièvre, berceau des usines des frères Saint, dans les quartiers d’Amiens, à Ailly sur Somme et aux alentours, dans les villages du Pays des coudriers, à Doullens et à proximité, à Albert et la Vallée d’Ancre, à Corbie et la Vallée de la Somme en direction du chef-lieu du département, sans oublier les villages au bord de l’Hallue. Cela représentait 45 sociétés fédérées et à peu près le double d’équipes. Ce qui retient l’attention entre le début du XXème siècle et 1914 et même jusqu’avant la seconde guerre mondiale, c’est le nombre de sociétés parfois présentes dans un bourg ou dans une ville. Ajoutons que ces clubs peuvent aussi compter des équipes dans des catégories différentes. Nous sommes parvenus à établir la liste la plus complète des sociétés ayant au moins une fois pris part à un championnat officiel placé sous l’égide de la fédération. Si l’on ne tient compte que du nombre de villes ou de villages impliqués, le chiffre auquel nous sommes arrivés s’élève à 146. Il comprend donc toutes les sociétés qui ont participé, ne serait-ce qu’une saison, à un championnat fédéral. En revanche, si l’on se réfère aux sociétés, nous atteignons aisément les 175 clubs, cela du fait comme on l’a vu plus haut, qu’un même village ou un même bourg ait pu compter plusieurs sociétés ! Autre observation, les équipes sont alors dénommées « parties », la partie de Montières, celle d’Albert, de L’Etoile. On note dans un compte-rendu de journal que les fonciers font quelques « partages » de la plus belle facture, qu’ils rivalisent de force et d’adresse pour rachasser chacun à leur tour cinq ou six fois de suite. Rachasser (en Picard : rakacher) signifie au ballon au poing et dans les jeux de paume, renvoyer la balle, la relancer. On parle alors de rachas. Les terrains sur lesquels évoluent les parties de ballon sont appelés « jeux », il arrive fréquemment qu’en raison de la présence de nombreuses parties les sociétés organisatrices soient obligées de faire se dérouler les concours sur 2 ou 3 jeux en même temps. Cette possibilité existe surtout à Amiens et à Albert. Impossible de relater en quelques lignes les palmarès des grands joueurs et des sociétés les plus titrées entre 1906 et aujourd’hui mais tous ces renseignements figurent dans les recueils que j’ai écrits depuis 2014.